mercredi 26 septembre 2007

Les commerçants béninois digèrent mal la concurrence chinoise

Cet article illustre à travers des exemples très concrets la présence grandissante de la Chine sur le continent africain. Bonne lecture.

COTONOU, 22 septembre 2007 (AFP) - L'oeil mauvais, Diane regarde "La muraille de Chine". Comme de nombreux Béninois, cette commerçante de Cotonou commence à trouver la présence chinoise et les produits "made in China" envahissants.
"Les Chinois copient tout et mettent de la contrefaçon sur le marché impunément, ça nous pourrit l'existence", crie cette commerçante plantée devant le restaurant chinois.
"D'ici peu, Cotonou sera entièrement aux mains des Chinois, et bientôt le Bénin tout entier!", s'emporte cette marchande de tissus-pagnes néerlandais importés au marché de Dantokpa.
"C'est le prix à payer pour le palais des congrès, la construction du nouveau ministère des Affaires étrangères et la numérisation de notre réseau téléphonique", lui répond résigné Martin, un autre commerçant.
Martin affirme que l'Etat accorde aux Chinois un régime préférentiel: visas faciles, formalités allégées pour monter des entreprises, etc...
"Il faut nuancer, pour les visas ils sont astreints aux mêmes conditions que les autres. Seulement, avec notre politique actuelle axée sur l'appel aux investisseurs, nous facilitons l'accès à notre pays à tout investisseur sérieux", explique Cosme Arouna, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Présente au Bénin depuis une trentaine d'année, la communauté chinoise s'est singulièrement développée ces dix dernières années: de quelque 700 assistants techniques au début des années 1980, on est passé à 1.000 ressortissants en l'an 2000, et à plus de 2.700 personnes aujourd'hui.
Jocelyne Pognon, elle, a dû mettre la clé sous la porte: "je ne pouvais pas continuer à accumuler les pertes. Je vendais du tissu anglais sur le marché et je me suis retrouvée avec des voisins qui vendaient des tissus avec les mêmes motifs, sauf qu'ils étaient importés de Chine et vendus trois fois moins chers, c'est à dire encore moins cher que le prix coûtant auquel j'achète ma marchandise sortie d'usine", explique-t-elle.
"Ce qui attire les investisseurs chinois au Bénin, notamment dans le commerce et l'immobilier, c'est la stabilité politique, le potentiel économique du pays et, surtout, la paix sociale", explique à l'AFP M. Jiao, attaché culturel de l'ambassade de Chine.
Mais si de nombreux commerçants pestent contre ces concurrents asiatiques que beaucoup jugent déloyaux, les consommateurs eux les voient d'un autre oeil: ils peuvent enfin acheter, à condition de ne pas être trop exigeants sur la qualité.
"Maintenant, nous pouvons tous acheter à bas prix des tissus ou de la porcelaine. Avant c'était impossible", affirme jovialement Christiane Zocli, assise devant son étalage de pagnes.
"Avant, j'étais à la maison. Avec 25 euros, j'ai pu commencer il y a sept mois un commerce de pagnes made in China et aujourd'hui j'ai une étalage qui vaut au minimum 100 euros", dit-elle avec un brin de fierté.
"Dans ce pays, nous sommes relativement bien accueillis, de plus nos marchandises ont la cote grâce à leur prix. Bon, c'est vrai que nous avons de plus en plus souvent des frictions avec des commerçants locaux qui estiment que nous leur prenons une bonne part du marché, mais cela finit toujours par se régler", assure Lee Wong, un marchand chinois de porcelaine au marché Dantokpa.
En 2004, les entreprises chinoises ont exporté vers le Bénin pour un montant de 303 millions de dollars dont 242 millions de réexportation de biens de consommation.
Le Bénin a durant la même année exporté pour environ 80 millions de dollars vers la Chine, qui depuis 2001 est le premier client et deuxième fournisseur de ce petit pays ouest-africain.

source : AFP

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Il est évident que la Chine est devenu un acteur incontournable sur la scène africaine. Mais à qui la faute ? Doit-on reprocher aux chinois d'être hyperactifs ou aux occidentaux d'avoir considéré pendant trop longtemps le continent africain comme un terrain de jeu sans faire en sorte que la coopération soit à double sens et prenne finalement toute sa valeur ? Les chinois ont désormais plusieurs coups d'avance...