vendredi 7 mars 2008

Quels investisseurs pour quel avenir au Gabon ?

Attirer les investissements étrangers est devenu un objectif prioritaire du gouvernement gabonais depuis qu’est décriée la forte dépendance de l’économie nationale vis-à-vis de la manne pétrolière et que, mondialisation aidant, de nombreux intérêts étrangers recherchent des opportunités d’investissement un peu partout sur terre. Profitant à cet effet de sa réputation de pays stable, le Gabon a attiré de nouveaux investisseurs, aussi bien étatiques que privés. Comment se manifeste cette diversification ? Quels en sont les principaux acteurs ? A quoi peut s’attendre le Gabon ? Compilation des quelques données qui transparaissent de cette effervescence économique.

Une étude menée aux États-Unis a démontré que les investissements réalisés en Afrique rapportent beaucoup plus que ceux effectués dans le reste du monde, notamment en Asie et en Amérique Latine. Aussi bon nombre d’investisseurs recherchent des pays d’Afrique pouvant garantir la sécurité de leurs investissements. Le Gabon, qui a longtemps été considéré comme une exclusivité de la France, offre ce cadre sécurisé tant recherché et a amorcé depuis quelques années une diversification de son partenariat économique. Si bien qu’il attire de nouveaux investisseurs, aussi bien étatiques que privés, en provenance de pays qui n’étaient pas traditionnellement ses partenaires.

Le contexte gabonais

Le climat politique stable, la présence d’infrastructures viables et de lois commerciales favorables à l’investissement étranger sont quelques éléments qui font en effet du Gabon un espace propice aux affaires en Afrique. La prospérité économique engendrée par le pétrole, la situation géographique marquée par 800 km de façade maritime, la stabilité politique et sociale et l’appartenance à une zone monétaire sécurisée, expliquent pourquoi de nombreux investisseurs étrangers répondent positivement aux invitations du Gabon à venir s’y installer ou à y développer des affaires.

La création de l’Agence de Promotion des Investissements Privés (APIP) qui a pour missions de faciliter les démarches administratives relatives à la création d’une entreprise, d’informer et de conseiller les investisseurs ; l’organisation à l’étranger des “Journées économiques du Gabon” dont la plus mémorable reste celle organisée en Chine en octobre 2006 ; les diverses missions de VRP du ministre de l’Économie et des Finances et le déploiement diplomatique du ministère des Affaires étrangères, témoignent véritablement d’une volonté des pouvoirs publics gabonais à procéder à une diversification aussi bien de son économie que de ses partenaires internationaux.

Dans la plupart des secteurs où des appels d’offres ont été lancés, ou dans les secteurs qui nécessitent d’importants moyens financiers, le Gabon n’a pas hésité à choisir des adjudicataires étrangers. Ainsi, en 1999, l’attribution des licences de téléphonie mobile a échu à deux pays : L’Egypte et les Pays-Bas. Plus récemment, la Libye a acquis aussi bien la radio Africa N°1 que l’ancien hôtel Intercontinental de Libreville. De même, ce pays va construire un important complexe hôtelier sur le front de mer librevillois.

Dans le secteur forestier, des groupes étrangers, notamment Malais, ont repris plusieurs compagnies forestières franco-gabonaises et d’autres sociétés, notamment Espagnoles, Italiennes ou Libanaises ont investi, à côté des industriels français, dans le déroulage de l’okoumé et la fabrication de contreplaqué.

Par ailleurs, le programme de privatisation recommandé aux autorités gabonaises par le Front monétaire international (FMI), a été l’occasion pour d’autres intérêts de prendre pied au Gabon. Ainsi, le norvégien Scancem a repris les Ciments du Gabon, l’italien Cora Wood a racheté la Compagnie Forestière du Gabon (CFG), le malaisien Winnerpac s’est vu confié la gestion de la palmeraie d’Agrogabon tandis que Maroc Telecom a repris Gabon Telecom.

La coopération Sud-Sud du Gabon s’effectue également au niveau sous-régional. Le pays fait partie de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale. En décembre 2007, le Gabon a lancé sur le marché financier de l’Afrique centrale un emprunt obligataire visant à collecter 100 milliards CFA. Au terme de l’opération, 81 milliards de FCFA ont été rassemblés qui ont permis le rachat anticipé de la dette extérieure du Gabon.

Cette ouverture tous azimuts du Gabon ne s’est toutefois pas opéré au détriment des partenaires traditionnels du pays au titre desquels on compte la France et l’Union européenne. Ceux-ci continuent de jouer leur partition dans le jeu économique du Gabon et l’afflux de nouveaux partenaires n’a, en rien, entamé leur position de ténor.

Les partenaires traditionnels du Gabon : la place du Canada

Bien qu’ayant fermé son ambassade à Libreville en juin 2006, le Canada intervient au Gabon à travers l’Agence canadienne de développement international (ACDI). Son programme d’aide s’articule autour de six priorités concernant la bonne gouvernance et dans une moindre mesure le développement du secteur privé et l’environnement.

En 2004-2005, l’aide publique au développement du Canada envers le Gabon s’est chiffrée à 5,48 millions de dollars.

Les nouveaux partenaires du développement : le BRIC

La diversification économique du Gabon consiste en une série de partenariats avec des pays qui jusqu’ici ne figuraient que très timidement dans son carnet d’adresses diplomatique et économique.
Un acronyme est ainsi apparu, le BRIC, qui désigne un groupe précis de ces nouveaux partenaires : Brésil, Inde et Chine. On assiste également au renforcement de relations avec des pays qui avaient déjà des relations économiques avec le Gabon, à l’instar du Japon.

Aussi, même s’il s’agit d’un partenaire de longue date, les États-Unis d’Amérique sont classés parmi les nouveaux compagnons économiques du Gabon. Ils jouent un rôle particulièrement important dans le secteur pétrolier.

R. Barrie Walkley, le précédent ambassadeur des États-Unis en République Gabonaise expliquait, en 2007, que “les capitaux privés américains investis au Gabon se montent à environ 250 millions de dollars. Les entreprises américaines sont parmi les cinq plus grands producteurs de pétrole du pays et dominent également les services pétroliers.

Les USA sont la destination principale des exportations pétrolières du pays, ce qui en fait le client n° 1 du Gabon. Les États-Unis sont également engagés dans d’autres domaines d’activité, mais à moindre échelle. Ils sont présents ou en passe de l’être dans les secteurs de la banque, de l’exploitation forestière et du bâtiment.

Par ailleurs, depuis 2002 lors du Sommet mondial du développement durable, les États-Unis ont lancé un partenariat en faveur des forêts du bassin du Congo. A cet effet, ils coopèrent étroitement avec le Gabon et les cinq autres pays du bassin.

Annoncée comme l’une des quatre premières économies mondiales dans une vingtaine d’années et comme la première puissance démographique à l’horizon 2030 avec 1,5 milliard d’habitants environ, l’Inde a enregistré des succès économiques marqués par une croissance annuelle de plus de 8% depuis 2005. Elle est donc appelée à devenir un marché incontournable dans lequel le Gabon voudrait déjà prendre pied. C’est dans cette optique que les gouvernements indien et gabonais ont négocié en juillet 2007 un prêt de 14,5 millions de dollars (environ 7 250 millions de FCFA) destiné à la construction de 300 logements socio-économiques à Bikélé, une bourgade située à 14 km de Libreville.

Le projet, qui intègre aussi l’aménagement, à proximité des logements, d’équipements collectifs, dont une école primaire, un centre médical, un institut de formation aux technologies de l’information et de la communication et d’un centre commercial, vise à réduire un déficit de 150 000 logements accusé par le Gabon.

Dans ce nouveau contexte, l’Afrique, dont fait partie le Gabon, est courtisée par toutes les puissances de la planète, États-Unis et Chine en tête. Qu’y a-t-il donc vraiment à perdre ? Comment orienter positivement les grands flux financiers générés par le nouvel ordre mondial qui se dessine ? Les spécialistes et les politiques ont là du grain à moudre et des options capitales de développement à prendre pour une sortie du sous-développement. La prospérité est possible. Si le Gabon le veut.

source : gaboneco

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