lundi 21 janvier 2008

L’Europe pille-t-elle l’Afrique ?

Les 8 et 9 décembre derniers s’est tenu à Lisbonne un sommet Union européenne-Afrique. Lors de cette rencontre, l’UE a dû faire face à la vive opposition de nombreux pays africains, Sénégal en tête, au sujet des accords de partenariat économique (APE). Ceux-ci sont censés prendre le relais de l’accord de Cotonou (signé en 2000), qui garantissait jusqu’au 31 décembre aux pays de la zone Afrique-Caraïbes-Pacifique (ACP) un accès sans taxes au marché européen pour certains de leurs produits centraux, essentiellement agricoles.

Prenant acte, avant même le sommet euro-africain, de ce qu’elle ne parviendrait certainement pas à obtenir la signature de l’ensemble des six sous-régions ACP à la date butoir du 31 décembre 2007, l’UE a choisi de conclure des accords « intérimaires ».

Concrètement, ces accords ne concernent que le commerce des biens et peuvent être signés pays par pays avec l’UE. Présentée côté européen comme un geste de bonne volonté, pour laisser un temps « d’adaptation » aux pays africains, cette démarche est vivement critiquée par les ONG et les divers mouvements progressistes, que ce soit en Europe ou en Afrique.

La libéralisation du commerce des biens, dans des économies essentiellement basées sur l’agriculture, consiste bien à faire s’affronter des poids lourds et des poids plume. Et, de toute façon, l’objectif d’APE complets reste en vigueur, avec la perspective d’une perte de recettes douanières pourtant cruciales pour le développement des services publics fondamentaux en Afrique.

Par ailleurs, alors que l’UE prétend se soucier de l’intégration régionale dans ce continent, c’est-à-dire du renforcement des échanges entre les pays africains, elle contourne avec ces accords intérimaires l’échelon régional. L’Afrique de l’Ouest, organisée en Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), se divise. Dans cette zone, la Côte d’Ivoire et le Ghana ont ainsi déjà signé de tels accords avec l’UE. La CEDEAO tenait justement hier son premier sommet de l’année à Ouagadougou, la capitale du Burkina.

Et la question des APE n’a pas manqué de faire à nouveau l’objet de vifs débats, qui, au fond, renvoient à une question fondamentale : l’Europe pille-t-elle l’Afrique ?

L. E.
source : l'Humanité

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