mardi 25 septembre 2007

L'Afrique intéresse les marchés financiers. Et après ?

Chers camarades, chers amis,

En ce début de semaine, mon attention a été attirée par un article intitulé « Pourquoi l’Afrique intéresse les marchés financiers » ; article publié dans le quotidien français La Tribune.


Dans cet article on peut lire, entre autres, que « l'Afrique devient la nouvelle frontière d'investissement des marchés émergents. »

« Certes, précise La Tribune, on est loin des sommes colossales amassées dans les pays de l'OCDE ou d'autres zones émergentes, mais ce bruissement financier n'en est pas moins remarquable. »

Dès lors se pose la question : pourquoi un tel enthousiasme ?

« Les raisons sont multiples, à en croire La Tribune. Certaines tiennent aux conditions internationales, à la recherche de rendements poussant les investisseurs en direction de nouvelles classes d'actifs plus risquées mais à fort potentiel. Mais l'essentiel tiendrait cependant, selon le quotidien financier, aux conditions endogènes du continent. "

En d’autres termes, et comme le soulignent depuis plusieurs années les " Perspectives économiques africaines ", publiées conjointement par le Centre de développement de l'OCDE et la Banque africaine de développement : la croissance est de retour en Afrique.

« La gestion macroéconomique dans de nombreux pays du continent s'est également améliorée. Ce ne sont pas seulement les pays africains riches en pétrole ou en minerais, dont la demande est désormais fortement influencée par l'Asie émergente, qui relèvent la tête. »

Aussi, dans ce contexte de quasi euphorie sur les marchés africains, il ne faut pas se laisser griser : pour le moment, une grande partie des investissements européens et nord-américains, Canada compris, se limitent surtout au Maghreb.

Or, les acteurs privés et publics pourraient jouer un rôle d'émulation bien plus grand que celui actuellement observé sur le continent africain. Pourquoi ne pas imaginer des partenariats public-privé à l'image du Fonds d'investissement du Canada pour l'Afrique, créé conjointement par le gouvernement canadien et les firmes de capital-investissement Actis et Cordiant ?

« Certes, conclut la Tribune, l'Afrique ne se transformera pas du jour au lendemain en un marché émergent de la taille des asiatiques ou des latino-américains. Mais rien n'interdit de penser qu'avec d'autres coups de pouce le continent devienne si ce n'est un eldorado financier tout du moins un pôle d'attraction majeur. »

Un article qui nous invite, à tout le moins, à cesser de voir l'Afrique sous les seuls prismes de l'assistanat et de sa litanie d'échecs, et qui appelle de ses vœux un investissement plus massif et plus audacieux de la part des partenaires du Nord.

L'appel est bon, mais j'y ajouterai, pour ma part, l'impérieuse nécessité d'encadrer ce investissement-là par des règles de comportement et des objectifs visant autant le bien commun que l’intérêt bien compris de certains opérateurs privés.

C’est à ce prix que « développement » pourra rimer avec « investissement ». Sinon, l'Afrique restera le terrain de jeu des fils de bonne famille en mal d'exotisme...

Bonne semaine à tous !

Philippe Régnoux
Président
Agir pour le Développement Canada

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